Avec mon père nous parlons souvent des grandes figures de la religion à Mayotte. Très souvent c’est pour souligner le décalage qu’il y a avec les savants d’aujourd’hui. Maintes fois il me parla de Shaykh Saïd, soulignant au passage son caractère doux envers les jeunes enfants qu’ils étaient. Souff Shanfi de Sada, Fundi Lahadji de Malamani, Shaykh Nour de Passi-Keli, sont des noms que j’ai entendu assez souvent de sa bouche. Toutefois, je l’ai trouvé encore plus admiratif lorsqu’il me parlai d’un vieille homme qui vivait à Boueni, un certain M’dallah Saïd. On le connaissait sous l’appellation de b’ya Abdou. C’était lui qui faisait monter le khatûb sur le minbar lors des prières de vendredi à Boueni.
Il me disait donc : « Toute la semaine de Bya abdou était construite autour de la prière de vendredi.
En effet, depuis le mercredi
il ne mangeait plus de fruits de Jacques par peur que l’odeur ne reste collée à lui lorsqu’il irait à la mosquée le vendredi. De nombreuse fois, en milieu de semaine, il me demandait de m’occuper de son troupeau de zébu pour se préparer pour la prière. En effet, Il ne voulait pas se salir avec le cordage de ses zébus qui traînait dans la bouse de vache. Il passait du temps à soigneusement nettoyer ses pieds avec des épluchures de noix de coco imbibées d’huile de coco. Lorsque le vendredi arrivait enfin, son livre de prêche dans une main et le bâton dans l’autre, il allait chercher le khatub B’ya Inaya directement chez lui. Il commençait à faire les invocations depuis la demeure du khatûb j u s q u ’ a u minbar. Ainsi, se faisait les prières de vendredi à cette époque».
Rubrique maore ya hale de l'hebdomadaire Moultaqanour n° 627 du 15/12/2022, Manrifa
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